Calendrier d’ l’avent : 23

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Elle sourit en pensant qu’elle ne se trouvait pas avec le Diable, mais avec des fantômes. Il était surtout l’immeuble devant lequel John Lennon avait été assassiné.

De l’autre côté de la rue, en entrant dans Central Park, Yoko Ono avait fait construire un mémorial dédié à son mari, le Strawberry field. Il avait la forme d’un triangle dont le cœur était constitué par des symboles représentant la paix, avec au centre le mot : IMAGINE, titre de l’une de ses chansons les plus célèbres. Et depuis, de nombreux admirateurs s’y recueillaient, chantaient ou déposaient des fleurs, des bougies.

Lisa regarda l’immeuble, elle l’avait contemplé un nombre incalculable de fois, mais jamais elle n’avait pu pénétrer à l’intérieur, c’était réservé aux propriétaires et à leurs invités.

— Tu peux savoir où se trouve l’appartement de John Lennon ? demanda-t-elle.

— Cela ne doit pas poser de problème, c’est celui de sa femme. Viens avec moi, nous y entrerons sans problème.

— Tu as raison, je me croyais encore dans mon monde, mais aucun gardien pour m’empêcher d’entrer.

C’est avec une petite appréhension qu’elle franchit le seuil, mais personne ne se précipita pour les refouler. Peter regarda la liste des habitants et la conduisit jusqu’à l’appartement de Yoko Ono.

— Comment je vais entrer ? dit-elle en restant devant la porte les bras ballants.

Peter sourit.

— Tu n’es plus dans ton monde. Même si dans celui-ci la porte est fermée et Yoko Ono se trouve à l’intérieur, tout est ouvert. I tu vois une personne, ce sera un fantôme. Tu es la seule vivante dans notre ville pour encore quelques heures.

Lisa abaissa la poignée et la porte s’ouvrit sans la moindre difficulté. Elle pénétra à l’intérieur, suivie par Peter.

Elle arriva dans une pièce immense avec en son centre une cheminée en pierre. Briques apparentes, hauts plafonds et poutres en bois se combinaient avec de vastes murs blancs et des planchers de bois. Mais l’appartement était vide, pas un meuble, rien qui montrait une présence humaine.

— Tu es sûr que c’est le bon ? On dirait que plus personne ne l’habite.

— Oui, c’est bien l’appartement de John Lennon, peut-être que Yoko Ono a déménagé.

Ils s’avancèrent dans l’immense pièce vide et s’arrêtèrent. Face à eux, assis dans un fauteuil, un homme les fixait d’un regard hypnotique. Lisa mit une fraction de seconde avant de le reconnaître : Houdini.

Il n’avait pas changé, il était le même que sur les affiches et les photos dans son musée.

— Bonsoir Monsieur Houdini, dit-elle en s’approchant de lui. Pourriez-vous nous dire où vous gardez prisonnier Monsieur Lennon ?

— Qui êtes-vous ? Vous n’êtes pas un fantôme, comment se fait-il qu’une vivante soit ici et me parle ?

— Je suis Lisa Kilpatrick, police de New York.

Houdini se leva et fit une révérence ironique devant Lisa.

— Et depuis quand les vivants peuvent-ils venir nous importuner ?

— C’est moi qui ai été la chercher, grâce au Manhattanhenge comme nous le pouvons, dit Peter en s’avançant à son tour. Je voulais qu’elle retrouve John Lennon.

— Je ne sais pas comment vous vous y êtes pris, mais vous avez réussi. Pas la peine de vous mentir, il est ici, enfermé dans la salle de bain, à l’autre bout de la pièce. Vous allez m’arrêter et m’enfermer dans une prison ?

Houdini partit d’un grand éclat de rire.

— Déjà quand j’étais humain, poursuivit-il, aucune prison, aucun cercueil, aucune camisole n’ont pu me garder bien longtemps, alors maintenant que je suis un fantôme, vous ne pouvez rien contre moi.

Lisa passa devant lui sans répondre. Elle ouvrit la porte.

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