Les exceptionnelles expositions de New York en ce moment

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Une déferlante d’excellence. En décembre New York, malgré le froid est une excellente destination pour faire le plein d’art.
Le blockbuster du moment c’ au MOMA est un artiste français : Matisse. Dans les dix dernières années de sa vie, physiquement affaibli il met au point une technique qu’il va pousser au sommet : les papiers découpés. Ou comment la vieillesse est un moment d’accomplissement chez l’artiste génial. Je l’ai écrit dans les Echos week-end mais j’en parle aussi dans une vidéo : http://videos.lesechos.fr/news/culture/matisse-sublime-production-des-dernieres-annees-3911323001001.html

Toujours au Moma est organisée une rétrospective d’un artiste américain contemporain important Robert Gober ( né en 1954). L’exposition est d’un grand niveau. Le plasticien a vécu les catastrophiques premières années du Sida à New York et il a mis en place un vocabulaire autour de la mort, l’hôpital, l’isolement, l’aseptisation ou le désire d’aseptisation, la douleur physique à cette époque. Symbole de cette obsession : un lavabo qui se transforme et se déforme avec les visions de l’artiste. C’est une « fontaine » de Marcel Duchamp ( readymade) avec un accent psychologique et traumatisé en plus. Gober montre aussi des morceaux de corps en bougie, des objets associés de manière inattendue à des poils (un soulier d’enfant). La salle la plus impressionnante est constituée d’un papier peint comme un parc ou une forêt dans laquelle on trouve des morceaux de corps offerts comme ces parcs, la nuit où les homosexuels se retrouvent pour des ébats à l’aveugle. Solitude…

Au Metropolitan museum on peut voir entre autres le grand retour d’un chefs d’œuvre de la sculpture de la Renaissance, un « Adam » de Tullio Lombardo réalisé vers 1490-95 à Venise. Adam, né selon le texte originel, à l’image de Dieu doit être parfait. Voici la perfection selon Lombardo. Lorsque la sculpture avait chutée, il y a quelques années, le directeur du Metropolitan museum, Philippe de Montebello, avait considéré l’accident comme une véritable catastrophe. L’homme parfait est enfin de retour.

La collection presque parfaite va arriver au Metropolitan. Le milliardaire et homme d’affaires, Leonard Lauder – il collectionne par ailleurs les cartes postales photographiques du début du XXe siècle- a réuni une exceptionnelle collection d’art cubiste qu’il a décidé de donner au Metropolitan Museum. Ordinairement l’ensemble est disposé chez lui. On peut voir une photo de cette « installation » à l’entrée de l’exposition. Bluffant. Comment un particulier ( mais quel particulier) peut il réunir un ensemble aussi extraordinaire ? 30 ans de collecte pour 83 œuvres comprenant principalement Picasso ( photo, bronze), Braque, Léger, Gris. On en a le souffle coupé.
Je sais cependant de bonne source que Leonard Lauder, avant de faire son très généreux don au Metropolitan musem de New York a tenté de vendre sa collection au Qatar. En vain. Cette collection cubiste montre comment les institutions américaines savent attirer les donateurs d’exception. Leonard Lauder est le fils d’Esthee, dont il dirige la firme cosmétique. Dans le catalogue de l’exposition les œuvres sont admirablement étudiées au point de montrer le dos des toiles qui racontent aussi de nombreuses histoires.

Le Metropolitan montre par ailleurs une dizaine de peinture du Greco des collections newyorkaises et consacre aussi une exposition au sujet de la femme de Cézanne dans les peintures du maître aixois.

Un peu plus haut dans la ville, le Jewish museum montre , par pure coïncidence, la clairvoyance artistique d’une autre reine américaine des cosmétiques, Helena Rubinstein. Férue d’arts décoratifs et d’art primitifs : c’est un joli petit show qui montre à quel point Paris était encore le centre du monde avant la seconde guerre mondiale. Voire son portrait par Marie Laurencin par exemple ( photo). Voire aussi une sculpture d’une petite fille par Chana Orloff qui ressemble vraiment à une œuvre dans le style kawaï, mignon japonais contemporain ( photo).
Le Guggenheim museum présente lui une exposition historique contemporaine qui se marie parfaitement avec l’architecture en colimaçon : le groupe Zéro. Ce mouvement d’abord allemand des années 60 : http://www.guggenheim.org/zero. 40 artistes de 10 pays vont rejoindre cet esprit d’avant garde comme Yves Klein mais aussi Yayoi Kusama ou Lucio Fontana. L’idée consiste à trouver de nouvelles sortes d’art après la guerre : du minimalisme au land art en passant par l’art conceptuel. Utiliser de nouveaux matériaux et de nouvelles formes pour faire table rase d’un passé encore douloureux, brulant, surtout en Allemagne.

Enfin dans la catégorie contemporaine l’exposition courue en ce moment à New York se situe au New Museum dans le quartier de Bowery. C’est là que l’artiste britannique d’origine nigériane Chris Ofili montre une installation très sophistiquée sur trois étages. Lui aussi utilise la technique du papier peint pour envahir l’univers de ses images, sur lesquelles il pose des tableaux. Des figures exotiques primitives et sinueuses animent comme dans des danses rituelles les compositions. C’est beau mais ce qui est beau c’est l’ensemble de la mise en scène et des motifs. Une invasion picturale exotique qui représente le cycle du jour et de la nuit. Ofili s’était fait connaître du temps des « Young british artists » pour une polémique relative à des bouses d’éléphant associées à une Vierge Marie noire.

L’art contemporain est nourri de polémiques souvent peu intéressantes et superficielles. C’est le cas en ce moment avec la déferlante de Koons bashing en France. J’ j’ai déjà beaucoup écrit sur le sujet dans les Echos et sur mon blog.

Ca pourrait être une polémique mais ça ne l’est pas : le décorateur vedette newyorkais Peter Marino s’habille en toutes circonstances dans une tenue de cuir de type sado-maso et tout le monde l’accepte. C’est bien.
Cette semaine à Miami il inaugure au Bass Museum l’exposition de sa collection d’art. Le commissaire est le français Jérôme Sens. Comme il se doit, elle contient un ensemble de photos de Robert Mapplethorpe.

En savoir plus sur http://blogs.lesechos.fr/judith-benhamou-huet/les-exceptionnelles-expositions-de-new-york-en-ce-moment-a15104.html#ohPhW3juOFkjp9yT.99

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