Immigration. 

À New York, la statue de la Liberté change de visage

À New York, la statue de la Liberté change de visage (courrierinternational.com)

L’artiste italo-américaine Paola Pivi expose sur la High Line, à Manhattan, une réplique de la célèbre statue qui arbore le visage d’un petit garçon asiatique. Une façon de distinguer les parcours individuels qui composent l’histoire de l’immigration aux États-Unis, décrypte “The New York Times”.

La High Line de New York compte une nouvelle attraction. Ces derniers jours, les piétons qui parcourent ce parc urbain aérien, aménagé sur d’anciennes voies de chemin de fer désaffectées au-dessus de Manhattan, peuvent sortir leur téléphone pour “photographier une intrigante nouvelle sculpture”, relate The New York Times.

Baptisée You know who I am (“Vous savez qui je suis”), l’œuvre est une réplique de la statue de la Liberté réalisée par l’artiste italo-américaine Paola Pivi, 51 ans. Mais son visage a été remplacé par “un masque en forme d’émoji, représentant la figure d’un petit garçon asiatique”, décrit le quotidien américain. Il commente :

“Paola Pivi s’est emparée de l’un des symboles les plus courants de l’Amérique pour le montrer sous un jour à la fois nouveau et étrange.”

Les divers visages de l’immigration

Grande admiratrice de Marcel Duchamp, Paola Pivi aime jouer avec l’irrationnel pour faire réagir le public. De fait, “une interprétation paresseuse” de You know who I am reviendrait à considérer que l’Italo-Américaine a fait avec la statue de la Liberté ce que le Français avait fait avec son urinoir : “transposer un objet familier dans un environnement inattendu”, relève le journal.

Mais ce serait passer à côté d’une partie de son propos. Comme l’explique au New York Times Cecilia Alemani, la commissaire en charge de la programmation artistique de la High Line, l’œuvre est “une invitation à réfléchir au sort qui est celui de tous les individus dont les expériences collectives, pleines d’espoir et d’épreuves, composent la réalité de l’immigration aux États-Unis”.

Des destins individuels

“You know who I am”, sculpture de Paola Pivi. Manhattan, 11 avril 2022.
“You know who I am”, sculpture de Paola Pivi. Manhattan, 11 avril 2022. SINNA NASSERI / NYT

En l’occurrence, le masque dont Paola Pivi a couvert la tête de sa statue représente, de façon déformée, le visage de son fils, Norbu, un orphelin tibétain adopté en 2012. L’artiste et son mari l’avaient rencontré à Dharamsala, une ville du nord de l’Inde qui abrite une très grande communauté de Tibétains en exil. La procédure d’adoption a été plus compliquée que prévu et a donné lieu à une éprouvante bataille judiciaire de quatre ans.

Cet épisode, pour Norbu comme pour ses parents adoptifs, a donné une autre résonance à la “liberté” que la statue d’Auguste Bartholdi est censée symboliser pour les nouveaux venus sur le sol américain.

Au cours de l’année qui vient, tous les deux mois, Paola Pivi changera le masque de sa statue, pour que celle-ci prête son visage à d’autres migrants. À Norbu succédera ainsi Marco Saavedra, un restaurateur du Bronx arrivé illégalement aux États-Unis depuis le Mexique alors qu’il était enfant. Il vient de se voir accorder l’asile.

Courrier international

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