Calendrier de l’avent : 24

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Il était là assis par terre, la regardant derrière ses petites lunettes rondes. Il était toujours aussi jeune. Lisa sentit une boule dans son ventre : John Lennon était à ses pieds et elle ne trouvait pas les mots pour lui parler.

— Vous êtes libre, balbutia-t-elle. Si vous le voulez, on peut vous amener au Madison Square Garden, vous y êtes attendu pour préparer le spectacle.

John Lennon se leva et voulut embrasser Lisa, mais il passa à travers elle. La jeune femme ne put s’empêcher de sourire en voyant la mine déconfite de l’artiste.

— Mais vous êtes vivante.

— Oui, dit Lisa, et permettez-moi de vous dire que vous êtes un des plus grands musiciens et que je vous ai toujours admiré. Quand je le peux, je joue vos chansons dans un pub, surtout celle sur New York, et Imagine bien entendu…

Elle s’était lancée comme cela sans réfléchir. Mais quand elle eut fini, elle se trouva ridicule, complètement ridicule.

— Excusez-moi, je dois être ridicule. Je suis impressionnée d’être là devant vous. Tout à l’heure c’était devant Marilyn Monroe que je me trouvais.

— Comment va-t-elle ? demanda Lennon.

— Elle vous attend pour chanter avec vous.

Lisa l’entraîna dans le salon où se tenaient Peter et Houdini. En arrivant à sa hauteur, Lisa ne put s’empêcher de demander au magicien :

— Pourquoi cet enlèvement ?

— Parce qu’il n’y en a que pour les musiciens ! s’emporta Houdini. Chaque année, c’est pareil. On réserve ce spectacle aux musiciens, pas aux autres artistes. Et nous n’existons pas, nous ne sommes rien ! Des milliers de personnes ont assisté à mes exploits, mais aujourd’hui, parce que je ne chante pas, parce que je ne joue pas d’un instrument, je ne suis bon à rien. On m’oublie. Et l’oubli, c’est ce qui existe de pire pour un fantôme. Même mon musée est vide. Alors cette année, j’ai décidé de frapper un grand coup. J’allais montrer que je suis un artiste, un vrai. Lors du spectacle, je serais monté sur scène et j’aurais fait apparaître John Lennon de façon spectaculaire.

Il s’arrêta et regarda les trois visages, eut une petite moue et leur jeta à la figure :

— Que peuvent comprendre à mon art deux policiers obtus et une star adulée ? Vous allez m’arrêter ? Non, alors je m’en vais et bon vent pour votre concert, mais ne comptez pas sur moi pour l’écouter !

— Attendez ! lança John Lennon. Vous avez raison, nous avons trop pensé à nous. Pourquoi ne pas réaliser un spectacle avec tous les arts ? Demander à des danseurs de créer un ballet sur notre musique, à des peintres de décorer la scène, à des artistes de cirque de nous y  rejoindre sur la scène. Nous avons encore quelques jours pour le préparer.

— Vous êtes sérieux ? répliqua Houdini.

— Tout ce qu’il y a de plus sérieux. J’ai même des idées qui se bousculent dans mon cerveau.

— D’accord, lâcha Houdini, je suis votre homme.

John Lennon se tourna vers Lisa et lui dit :

— Merci de m’avoir délivré, si je peux faire quelque chose pour vous…

Lisa prit sa respiration et lâcha dans un souffle.

— Il me reste quatre heures avant de rejoindre mon monde. Si je pouvais vous entendre chanter une fois, je n’étais même pas née pour assister à vos du concert du Madison Square Garden. Et si j’osais…

 — Osez !

— J’aimerais vous accompagner au piano pendant que vous chantez New York City.

— Allons de suite au Madison. Ne perdons pas de temps.

Il se tourna vers Houdini et lui demanda :

— Vous venez avec nous ?

— Bien sûr !

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