Calendrier de l’avent : 17

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— Bonjour, dit Lisa, superbe prestation, j’aurais bien aimé vous accompagner, mais je ne joue que du piano.

            Les deux hommes la regardèrent d’un air étonné.

            — Vous n’êtes pas morte ? lâcha Charlie Parker.

            — Non, je suis vivante, mais je joue bien du piano.

            — Que faites-vous là ? Vous n’êtes pas venue m’écouter uniquement pour le plaisir.

            — Non, répondit Lisa en le regardant droit dans les yeux. Je suis dans votre monde pour retrouver John Lennon, pour qu’il puisse donner son spectacle.

            Un petit sourire ironique apparut sur le visage de Charlie Parker.

            — C’est moi qui l’ai fait venir, dit Peter, ce n’est pas tous les jours qu’un fantôme disparaît de cette façon. Nous devons savoir ce qui est arrivé à Lennon.

            — Et vous pensez que je suis, nous sommes, nous les jazzmen, responsables.

            — L’idée m’est venue, répliqua Lisa d’un ton sec en retrouvant ses réflexes de policière. A vous de me prouver mon erreur.

            — Des noirs qui enlèvent un musicien blanc par jalousie ? lâcha Charlie Parker. Les policiers ne changeront jamais. Après moi, vous irez voir les rappeurs, encore des noirs, toujours les noirs.

            — Tu te trompes, dit Peter, blanc ou noir, peu importe. Ce qui est grave, c’est la disparition d’un des nôtres. Imagine que ce ne soit qu’un début, que nous nous volatilisions les uns après les autres.

            — Et bien tant mieux, j’approuverais. Si quelqu’un possède ce pouvoir, alors qu’il commence par moi. J’en ai assez d’être dans cette ville. Que j’aille en enfer m’importe peu, mais ici je n’en peux plus. Alors non, je n’ai pas fait disparaître Lennon. Si j’en avais eu la possibilité, j’aurais commencé par moi. En plus, je l’aime bien ce mec, il a de bonnes idées de chansons et il est sympa. Vous pouvez aller voir ailleurs. Je n’y suis pour rien.

            Lisa se tourna vers l’autre saxophoniste qui leva les mains au ciel en brandissant son instrument.

            — Pareil. Vous pouvez me croire. Je n’ai rien contre John, au contraire je devais jouer avec lui lors du concert. Imaginez moi sur la scène du Madison Square Garden, mon rêve.

            Lisa hésita un instant, elle regarda les deux hommes et leur dit :

            — Vous n’auriez aucune idée sur cette disparition ?

            Les deux saxophonistes hochèrent négativement la tête.

            — Je vous remercie, lâcha-t-elle un peu dépitée.

            Alors qu’elle se retournait, Charlie Parker lui lança :

            — Si jamais on se retrouve ici, je ferais un bœuf avec vous, et on trouvera un piano.

            Lisa lui répondit avec un sourire :

            — J’espère que ce sera le plus tard possible.

            Un grand rire accompagna Lisa et Peter dans le couloir.

  • Nous sommes revenus à notre point de départ, dit Peter, et le temps tourne.

Lisa avançait, les traits tirés. Elle se dirigea vers les escaliers qui menaient à l’air libre. Ils sortirent dans le quartier de Wall Street. Peter n’osait pas parler, il voyait que Lisa réfléchissait et il ne voulait pas interrompre ses pensées.

Finalement, ils arrivèrent devant la statue de George Washington et s’assirent sur les marches.

— Quelque chose m’échappe, j’ai l’impression de faire fausse route depuis le début, lâcha-t-elle soudain.

— Je suis désolé mais je ne peux pas t’aider plus. Je pensais qu’il s’agissait d’une rivalité entre musiciens. Tu crois que Sid, Charlie et les autres sont innocents ?

— Oui, Charlie a mis le doigt sur un point essentiel : si l’un d’eux avait trouvé le moyen de tuer un fantôme, il se serait suicidé.

Elle se tourna vers Peter, le regarda droit dans les yeux et dit :

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