Calendrier de l’avent : 6

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Manhattan

30 Mai

08 H 30 PM

When you’re all alone and lonely
In your midnight hour
And you find that your soul
It has been up for sale

Lou Red : Coney Island Baby

Lisa franchit l’avenue et tomba sur une cinquantaine de personnes qui patientaient sur les trottoirs, le regard dirigé vers le fond de la rue. Elle remarqua que toutes prenaient des photos, soit avec des appareils, soit avec leur smartphone.

Elle rechercha la présence de policiers. Deux se trouvaient de l’autre côté de la rue. Un ancien au ventre proéminent et au visage fermé, à côté de lui se tenait un jeune dont cela devait être une des premières sorties. Deux autres, au milieu de l’avenue, géraient le trafic et un cinquième faisait circuler les passants qui s’agglutinaient.

La foule paraissait tranquille, pas de cris, pas de slogans, pas de mouvement brusque, aucune banderole revendicative comme cela arrivait de temps en temps à New York. Quelques personnes empiétaient maintenant légèrement sur les rues et commençaient à gêner la circulation.

Lisa pensa à la présence d’une star dans le quartier. Chelsea était réputé pour ses galeries artistiques, ses défilés de mannequins pour de grandes maisons de couture, pour ces jeunes stylistes qui se lançaient. Mais ce n’était pas la période de la fashion week, de la semaine de la mode. Simplement cette hypothèse pouvait expliquer expliquait cette foule et les photos

Elle sortit sa plaque de flic et s’approcha d’une personne qui filmait la scène.

— Lieutenant Kilpatrick, police de New York, lâcha-t-elle de sa voix dure. Pouvez-vous me dire ce qui se passe ici ?

L’homme haussa les sourcils puis fixa sa plaque. Son visage blêmit.

— Je n’ai rien fait, répondit-il d’une voix tremblante. J’attends le soleil, comme les autres.

Ce fut au tour de Lisa de le regarder avec surprise, elle n’attendait pas cette réponse.

— Le soleil ? demanda-t-elle sèchement.

Elle se rendit compte aussitôt de l’absurdité de sa question, mais son interlocuteur n’eut pas l’air de l’avoir remarquée.

— C’est le jour du Manhattanhenge, dit-il, dans environ trois minutes, le soleil couchant va se retrouver juste au milieu de la 14th Rue, dans un alignement parfait vers l’Ouest.

Le sourire revint sur le visage de Lisa, un simple attroupement pour photographier un phénomène rare à New York, tout était normal, pas de quoi s’affoler. Les souvenirs revinrent à sa mémoire.

Le tracé des rues de Manhattan datait de 1811 et respectait l’axe naturel de l’île. Seulement il existait un léger décalage, car celle-ci était inclinée de 29° par rapport à la verticale. Alors, vingt-deux jours avant le solstice d’été, le soleil se couchait dans l’axe des rues horizontales.

— On l’a baptisé ainsi en hommage à Stonehenge, continua le photographe. Toutes les villes du monde possèdent des rues et des couchers de soleil, mais New York est la seule à être sillonnée de rues symétriques bordées d’immeubles géants. Vous allez voir, le spectacle est de toute beauté. Surtout aujourd’hui car le ciel est limpide.

Lisa le remercia d’un geste de la tête. Elle décida de rester, elle pouvait se permettre de prendre quelques minutes.

— Le voilà ! hurla une voix.

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