Des artistes français à New York

http://www.estrepublicain.fr/edition-de-nancy-ville/2015/10/18/nancy-des-artistes-investissent-les-rues-de-new-york

Souvenez-vous. Nous sommes en mars 2014. Au lendemain des élections municipales, deux cents invités envahissent la place Stanislas. 50 lits, autant de matelas, de couettes, une centaine d’oreillers, 50 tables et 200 chaises sont installés. Pas un soulèvement. Juste une création artistique. L’œuvre du collectif nancéo-messin Boijeot-Renauld-Turon. Un collectif qui n’en est pas à son coup d’essai. Le squat dans le hall du Centre Pompidou Metz, c’est lui. Le maire de Nancy qui couche dans la rue en septembre 2014, c’est lui aussi. De faux tracts politiques à l’effigie d’André Rossinot et de Jean-Marie Rausch, c’est encore lui. De faux avis de disparitions placardés dans une vingtaine de villes, c’est toujours lui. Et c’est lui qui vient d’installer des lits dans les rues de New York.

Ces artistes de rue lorrains n’ont pas manqué de susciter la curiosité dans la Grosse Pomme. Plusieurs journaux et revues ont évoqué cette création dont l’objectif est de se confronter à la réalité, à l’ordre, et de permettre aussi une réappropriation du domaine public par la population. Nous avons cherché à les contacter pour évoquer cette création, mais « au vu du peu d’engagement de notre ville et de notre région à nos côtes, nous ne désirons pas que cette action apparaisse dans la presse locale », nous ont-ils fait savoir. Si on peut comprendre leur motivation, nous n’avons pas souhaité les écouter car leur création sur l’espace public a du sens. Et il est intéressant de voir comment outre-Atlantique elle est perçue. La presse, on vous la fait courte, adore. D’abord parce que des frenchies qui plantent des tables et des chaises dans la rue et sur les principaux spots à Broadway, comme à Times Square ou Colombus Circle, ça le fait. Et puis, l’œuvre est source d’échanges. Avec les forces de l’ordre qui, à lire plusieurs revues, les ont délogés à plusieurs reprises. Avec la population surtout. Leurs tables, leurs chaises, les New- Yorkais les ont adoptées la journée pour s’asseoir, taper la discussion au p’tit déj, jouer aux échecs de manière impromptue.

Selon le New York Times, « ils travaillent en collaboration avec Brooklyn Street Art, un blog qui prend en charge les créations urbaines et financent également le projet avec des subventions et avec l’argent gagné de leur entreprise de conception de meubles, 2M26. Leur mission est d’encourager les New-Yorkais à ralentir, prendre une tasse de café, parler à quelqu’un de nouveau et peut-être même faire une sieste l’après-midi. »

Une vraie communion s’est créée avec la population. Des habitants leur ont apporté de la nourriture. Certains leur proposent de se doucher chez eux et toujours selon le New York Times, Laurent Boijeot, 34 ans, et Sébastien Renauld, 33 ans, ont été surpris par le grand nombre de New-Yorkais venus leur parler en français.

Alexandre POPLAVSKY

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